.
Les mains
Ces mains tiennes en rempart :
elles portent le soir sur mon visage.
Quand lentement tu les ouvres, là, en face,
la ville est cet arc de feu.
Sur mon sommeil à venir
elles seront persiennes rayées de soleil
et j’aurai perdu pour toujours
cette saveur de terre et de vent
lorsque tu les reprendras.
.
Le mani
Queste tue mani a difesa di te:
mi fanno sera sul viso.
Quando lente le schiudi, là davanti
la città è quell’arco di fuoco.
Sul sonno futuro
saranno persiane rigate di sole
e avrò perso per sempre
quel sapore di terra e di vento
quando le riprenderai.
Vittorio Sereni, extrait de Frontiera (Frontière) – 1947
Traduction © Valérie Brantôme – 2016
.
Ton souvenir en moi
Ton souvenir en moi est seul bruissement
de ces pas rapides qui vont
sereins là où les hautes heures
de midi descendent
vers le plus flammé des crépuscules
parmi les portails et les demeures
et les pentes amoureuses
de ces fenêtres ouvertes à nouveau sur l’été.
En moi, seulement, lointaine
se prolonge une complainte de trains,
d’âmes qui s’en vont.
Et là, légère, tu t’en vas dans le vent,
te perds dans le soir.
.
In me il tuo ricordo
In me il tuo ricordo è un fruscìo
solo di velocipedi che vanno
quietamente là dove l’altezza
del meriggio discende
al più fiammante vespero
tra cancelli e case
e sospirosi declivi
di finestre riaperte sull’estate.
Solo, di me, distante
dura un lamento di treni,
d’anime che se ne vanno.
E là leggera te ne vai sul vento,
ti perdi nella sera.
Vittorio Sereni, extrait de Frontiera (Frontière) – 1947
Traduction © Valérie Brantôme, 2016
__________________________________
► voir aussi Inverno a Luino