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Aux frondaisons des saules
Et comment pouvions-nous faire ode,
le pied de l’étranger sur le cœur,
parmi les morts abandonnés sur les places
sur l’herbe durcie par la glace, à la plainte
d’agneau des enfants, au hurlement tragique
de la mère qui marchait vers son fils
crucifié au poteau du télégraphe ?
Aux frondaisons des saules, selon notre vœu,
nous pendions mêmement nos cithares,
elles se balançaient légères au vent triste.
Salvatore Quasimodo
Traduction © Valérie Brantôme, 2014
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Alle fronde dei salici
E come potevamo noi cantare
Con il piede straniero sopra il cuore,
fra i morti abbandonati nelle piazze
sull’erba dura di ghiaccio, al lamento
d’agnello dei fanciulli, all’urlo nero
della madre che andava incontro al figlio
crocifisso sul palo del telegrafo?
Alle fronde dei salici, per voto,
anche le nostre cetre erano appese,
oscillavano lievi al triste vento.
Salvatore Quasimodo, da Giorno dopo giorno (1947)