
Photo © Samuel Badina
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[Extraits]
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I
La nuit serait tiède d’une saveur écœurante
poissée de veille et de lendemain
nous écarterions les draps de nos jambes
lourds de suées routinières
toute racine étranglée nous franchirions la porte
nos pas ne sonneraient pas dans la ville
la ville coite aux mille yeux insomniaques
muets aux balcons
nos pas
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II
Terre
Celle d’un soir aux portes des villes bétonnières
des champs qui collent et qu’on enjambe
gorgés d’alcools prolifiques cornés d’abondance
soûleurs d’appétit
on traverse à longues enjambées la campagne
vide et bienheureuse coiffée d’étoiles
à l’abrupt des maisons terres dociles terres jugulées
de paix animales carnivores édentées
taillées de perspectives où pourrissent
un tapis
de voiture un pneu une casserole une boîte de thon
à l’huile
Édith Masson, Landschaft / Le décor [Éd. des Vanneaux, coll. L’ombellie, 2016]
Illustrations Olaf Idalie