.
Il y a toutes sortes de sourires.
Mais je pense à celui qui nous est le plus difficile,
au sourire le plus simple.
Il est profondément incrusté, tailladé en tout sens
par la lame de vigneron du temps,
un sourire auquel il ne manque qu’une seule ride
pour connaître le dénouement et prononcer le nom complet de Dieu.
Un tel sourire demeure sur le visage
un peu plus longtemps que la joie qui l’a engendré —
ou bien c’est un sourire qui la pressent et la précède,
mais qui s’efface devant elle,
laissant tout le visage à la joie seule.
Vladimír Holan, extrait de En marche /
Une nuit avec Hamlet et autres poèmes
Poésie/Gallimard 2008 – Préface d’Aragon
Traduit du tchèque et présenté par Dominique Grandmont