L’art du possible ~ Giacomo Cerrai

 

L’art du possible

Aujourd’hui, (il y a) ce chatoiement huileux
comme un mauvais œil dissous
dans l’eau.
Aujourd’hui, arcs-en-ciel opaques, écrivant
sur l’eau, vociférant dans le vide,
comme gosiers de langues mortes.
Aujourd’hui une noyade et un rétablissement de l’air,
aujourd’hui, à chaque fois, remettre au futur l’espérance
en chaque possible devenir.
Aujourd’hui, écritures de poudre sur l’eau,
traces, sur les dunes, de serpents,
aujourd’hui l’eau possède une mémoire de désert nouveau,
réfléchit – peut-être – le sol visqueux des frégates.
Depuis l’eau, le soleil est une pluie de lames qui crève
le glissement des nuages sur une huile minérale
ou encore un ciel, lime perpétuelle du temps
sans étoiles,
agonie du respir, désirant – plutôt – oublier l’échec.
Le plus intime désert en nous n’est que
terre à conquérir.
Et l’eau naît d’elle-même
décante ses roches
en son liquor cerebrospinalis enregistre ses variations.
Et en elle
– où s’épaissit la douleur – est précipitée jusqu’aux tréfonds de goudron
toute blessure, toute écume – du ressac.

Giacomo Cerrai, Inédit
(Trad. Valérie Brantôme © 2020)

 

 

 

L’arte del possibile

oggi c’è questo cangiare oleoso
come un malocchio disfatto
sull’acqua.
Oggi arcobaleni opachi, scrivendo
sull’acqua, vociando nel vuoto,
come fauci di lingue morte.
Oggi un annegamento e un ripristino d’aria,
oggi (ogni volta) uno speranzoso riporre futuro
in ogni possibile farsi.
Oggi scritture polvere (sull’acqua)
segni sulle dune di serpenti,
oggi l’acqua ha memorie di deserto nuovo
specchia – forse – voli vischiosi di fregate.
Dall’acqua il sole è pioggia di lame che trapassa
nuvole scivolanti su un olio minerale
o cielo lima costante al tempo
senza stelle,
agonico respirare, volendo – invece -dimenticare fallimenti.
Il deserto il più intimo in noi è solo
terra da conquistare.
E l’acqua è di sé stessa
decanta rocce
registra cangiamenti nel suo liquor.
E in essa
– s’aggrumando il dolore -precipita verso un fondo di catrame
ogni ferita
e schiuma – di risacca

Giacomo Cerrai, Poesia inedita

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