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DÉSERTS DÉSERTS soyez ouverts !
Beaux pays soyez effacés !
Franchis franchis à pas muets
Le globe matinal de l’âme.
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LA CELLULE DE MOI-MÊME emplie d’étonnement
La muraille peinte à la chaux de mon secret
J’ouvre la porte avec ma main vide
Un peu de sang blessé dans la paume
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VERS TOI S’ENVOLENT, Dieu les couteaux de l’injure
Tu es si beau tu es si calme tu es si nu.
Avançons du côté de l’injure, les fleurs d’avanie
Seules perceront le ciel de carton des douleurs humaines.
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CES FEMMES SOYEUSES des théâtres d’argent
Non, spirales de péché, mannequins d’acier
Mon Dieu, posent sur moi des yeux charnels :
Quand elles ont brisé leur étoffe de verre
Elles mangent les coeurs.
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LA GUERRE LE VIN le tabac les femmes
Le plaisir les hommes la guerre l’argent
Les femmes le plaisir les hommes les perles
le soleil discordant.
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C’EST VRAI JE N’AI JAMAIS jamais jamais prié
Dit la femme grande et douce de taille,
Mais donne-lui mon sein mon ventre et ma jeunesse
Il sera satisfait.
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TRAVERSE D’UN CRI MON CERVEAU, hirondelle aux quatre douleurs
C’est aujourd’hui le plus ancien printemps
Dans le ciel gris la croix grise du couvent
Et la tempête a métamorphosé les verdures.
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BRÛLE CES COEURS ce sont des silex
Ces âmes des poutrelles d’acier, des billets de banque
Ces personnages ne sont pas vrais, brûle leurs poupées
Je suis si bas vois-tu que le ciel en est outragé.
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Pierre Jean Jouve, extrait de Les Noces (Des déserts), Poésie/Gallimard, 2011
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► Parcours dans Jouve, sur le site Pierre Jean Jouve animé par Béatrice Bonhomme et Jean-Paul Louis-Lambert
► Un aperçu de Jouve, chez Zoé Balthus